Le Kenya fait face à une anxiété croissante des investisseurs dans un contexte de crise financière
Le Kenya a récemment rejoint les rangs des pays aux prises avec l’anxiété croissante des investisseurs, intensifiant ainsi sa crise financière. Selon Bloomberg, les swaps sur défaut de crédit (CDS) du Kenya ont considérablement augmenté, ce qui en fait le deuxième plus élevé au monde après l’Argentine. Cette hausse reflète une perte de confiance des investisseurs suite aux manifestations contre le dernier projet de loi de finances de Ruto.
Les swaps sur défaut de crédit agissent comme une assurance pour les investisseurs, les protégeant en cas de défaut de paiement d’un emprunteur sur ses dettes. Le coût de l’assurance de la dette du Kenya a fortement augmenté, passant de 387 points de base le mois dernier à 551 points de base. Lorsque les taux des CDS sont élevés, cela indique que les investisseurs voient un risque de défaut important, ce qui entraîne des coûts d’emprunt plus élevés, les prêteurs exigeant des rendements plus élevés pour un risque accru.
La situation au Kenya, où les taux des CDS ont atteint des niveaux similaires à ceux de l’Argentine, souligne de sérieuses inquiétudes quant à la stabilité économique du pays et à sa capacité à rembourser sa dette. Les spreads élevés des CDS mettent en évidence le sentiment négatif des investisseurs et le manque de confiance dans la stabilité financière du Kenya. Cela peut entraîner des sorties de capitaux et une réduction des investissements étrangers, exacerbant les défis économiques et rendant plus difficile pour le pays le financement des dépenses publiques et des initiatives économiques, ce qui pourrait conduire à des mesures d’austérité et à un ralentissement de la croissance économique.
En janvier 2023, la dette totale publique et garantie par l’État du Kenya s’élevait à 73,82 milliards de dollars, soit 63,2 % de son PIB. En août 2023, la dette extérieure du pays était passée à 38,6 milliards de dollars, contre 24,4 milliards de dollars en octobre 2022, avec 69,3 % de cette dette libellée en dollars. Cette exposition importante au risque de change, notamment lié au dollar, pose un défi majeur à la gestion de la dette du Kenya.
Ayant du mal à honorer ses remboursements de dette, le Kenya s’est tourné vers le FMI, prêteur en dernier ressort, pour obtenir les fonds nécessaires, éviter un défaut de paiement, stabiliser son économie et restaurer la confiance des investisseurs. Le projet de loi de finances, qui a été rejeté par les Kenyans, prévoyait des augmentations d’impôts cruciales pour les réformes politiques convenues entre le Kenya et le FMI dans le cadre d’un programme de prêt de 3,6 milliards de dollars.
Suite au retrait du projet de loi en raison de l’opposition du public, le président William Ruto s’est entretenu avec la chef du FMI, Kristalina Georgieva. Un porte-parole du FMI a souligné l’inquiétude et le dialogue permanents avec les autorités kenyanes. Les principaux donateurs ont exhorté le FMI à faire preuve de flexibilité quant aux objectifs du programme du Kenya, tandis que le gouvernement kenyan devrait réduire les dépenses inutiles, lutter contre la corruption et accroître la responsabilité. Un porte-parole du FMI a souligné l’inquiétude et le dialogue permanents avec les autorités kenyanes.