Insécurité alimentaire : Haïti parmi les plus affamés du monde
Selon les Nations Unies, plus de 65% des personnes les plus affamées du monde vivent dans dix pays seulement. Les chiffres publiés par le Réseau d’information sur la sécurité alimentaire (FSIN) révèlent qu’Haïti est parmi les plus touchés par l’insécurité alimentaire, avec 40% de sa population, soit 4,1 millions de personnes en crise ou pire en 2020.
Les chiffres sont basés sur le Cadre Harmonisé (C.H.) et la Classification Intégrée de la Phase de Sécurité Alimentaire (IPC). La classification de phase intégrée est un outil d’analyse que les gouvernements, la communauté internationale et les organisations alimentaires utilisent dans la lutte contre l’insécurité alimentaire. L’IPC est une échelle en cinq phases qui décrit la gravité des urgences alimentaires (voir la Description générale des Phases de l’IPC ci-dessous).
Haïti a le niveau de faim le plus élevé de l’hémisphère occidental et a réalisé des progrès limités depuis 2000. Selon le FSIN, sur les 55 crises alimentaires identifiées en 2020, 10 se sont démarquées en termes de nombre de personnes en crise ou pire (IPC / CH Phase 3 ou plus). Six de ces pays se trouvaient en Afrique. Il s’agit notamment de la République démocratique du Congo, du Soudan, du nord du Nigéria, de l’Éthiopie, du Soudan du Sud et du Zimbabwe. Deux se trouvaient au Moyen-Orient (en République arabe syrienne et au Yémen). L’un d’eux se trouvait en Asie du Sud (Afghanistan). Haïti était le seul pays des Amériques confronté à une crise alimentaire.
De plus, dans six pays, plus de 10 pour cent de la population analysée étaient en situation d’urgence (Phase 4 de l’IPC) (Afghanistan, République centrafricaine, Haïti, Soudan du Sud, Yémen et Zimbabwe). Au Soudan du Sud, en Éthiopie, en Haïti et au Zimbabwe, plus d’un million de personnes étaient en situation d’urgence (Phase 4 de l’IPC).
Dans la phase 4 de l’IPC, les ménages ont d’importants écarts de consommation alimentaire qui se traduisent par une malnutrition aiguë très élevée et une surmortalité ou font face à une perte extrême de moyens de subsistance ou ont recours à des stratégies d’adaptation d’urgence.
Le principal moteur de la faim sur la planète est le conflit causé par l’homme, selon David Beasley, directeur exécutif du programme des Nations Unies pour l’alimentation mondiale.
Début 2019, 2,6 millions d’Haïtiens étaient en situation d’insécurité alimentaire. Alimenté par l’instabilité politique qui a conduit au verrouillage du pays, près de 4 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire, dont un million dans une situation classée d’urgence à la fin de l’année (voir la Description générale des Phases de l’IPC ci-dessous).
De plus, selon le FSIN, l’inflation a également contribué à la crise alimentaire à laquelle Haïti est confronté. La monnaie haïtienne s’est dépréciée d’environ 24% d’une année sur l’autre (octobre 2018-2019). D’autres facteurs comprennent l’aggravation des conditions de sécurité et la sécheresse, qui ont considérablement réduit l’accès à la nourriture pour les ménages les plus pauvres. Dans les zones rurales la sécheresse de 2018, qui s’est prolongée jusqu’au premier semestre de 2019, a engendré dans de nombreuses parties du pays une baisse de la production agricole d’environ 12 % par rapport à l’année dernière.
Description générale des Phases de l’IPC
Phase | Description générale | |
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1 | 1A Généralement en sécurité alimentaire 1B Généralement en sécurité alimentaire | Accès à une alimentation généralement adéquate et stable avec un risque modéré à faible de tomber graduellement dans la Phase 3, 4 ou 5. |
2 | Insécurité alimentaire modérée/limite | Accès limite à une alimentation adéquate avec un risque élevé et récurrent (en raison de la probabilité d’évènements adverses et une grande vulnérabilité) de tomber graduellement dans la Phase 3,4 ou 5. |
3 | Crise alimentaire et des moyens d’existence aiguë | Insuffisance aiguë et critique de l’accès à l’alimentation assortie d’une malnutrition grave et inhabituelle et un épuisement accéléré des avoirs relatifs aux moyens d’existence qui, si la situation se maintient, va faire tomber la population dans la Phase 4 ou 5 et/ou va probablement se traduire par une pauvreté chronique. |
4 | Urgence humanitaire | Insuffisance grave de l’accès à l’alimentation assortie d’une mortalité excessive, une malnutrition très élevée et en progression, et un épuisement irréversible des avoirs relatifs aux moyens d’existence. |
5 | Famine/Catastrophe humanitaire | Grave perturbation sociale assortie d’un manque total d’accès à l’alimentation et/ou d’autres besoins de base dans laquelle la famine généralisée, la mort et le déplacement sont incontestables |