Le salaire minimum en Haïti n’a pas gardé le pas avec le coût de la vie
Le salaire minimum en Haïti étant incapable de garder le pas avec la hausse du coût de la vie, les travailleurs se sont levés pour exiger une augmentation. Des travailleurs réclamant un salaire décent ont été accueillis par des gaz lacrymogènes par la police devant la « Société nationale des parcs industriels » (SONAPI), une zone réglementée par la loi de 2002 sur les zones franches employant plus de 10 000 personnes en 2019.
La dernière fois que le salaire minimum a augmenté en Haïti, c’était il y a plus de deux ans. Le 31 octobre 2019, le Président Jovenel Moïse a publié un arrêté dans le journal officiel du pays Le Moniteur fixant le salaire minimum entre 440 et 550 gourdes à compter du 1er novembre 2019. Depuis lors, avec la flambée des prix des biens de première nécessité, le pouvoir d’achat des travailleurs s’est gravement érodé. Par conséquent, le salaire minimum actuel ne peut pas suivre le rythme du coût de la vie.
Une inflation chroniquement élevée empêche les travailleurs de joindre les deux bouts avec des produits de première nécessité de plus en plus hors de portée des petites bourses. Les coûts de la santé, de la nourriture et du transport ont plongé la plupart des Haïtiens de la classe moyenne qui restent dans le pays dans la pauvreté.
La grille salariale de novembre 2019 fixe un salaire minimum de 500 gourdes par journée de 8 heures pour les travailleurs de l’assemblage orienté vers l’exportation et d’autres industries manufacturières. Ce changement représente une augmentation de 19 % par rapport aux 420 Gourdes précédemment fixées en 2018.
Dans le contexte de la perte rapide de valeur de la monnaie nationale par rapport au dollar, de la hausse de l’inflation et de la diminution des opportunités d’emploi, les travailleurs qui manifestaient mercredi réclamaient une augmentation de salaire allant jusqu’à 1 500 gourdes contre 500 gourdes.
Pendant ce temps, entre 2019 et 2020, une partie importante de la classe moyenne est tombée dans la pauvreté. La prévalence de la faim dans le pays a augmenté. Les chiffres publiés par le Réseau d’information sur la sécurité alimentaire (FSIN) montrent qu’Haïti est l’un des pays les plus touchés par l’insécurité alimentaire, avec près de la moitié de la population en crise ou pire.
Le mois dernier, suite à un mouvement similaire, le gouvernement s’est dit conscient du problème du non-ajustement du salaire minimum. Ce dernier a également exprimé sa solidarité avec les travailleurs, les entrepreneurs et les victimes de ces turbulences.
Selon la note gouvernementale du 25 janvier 2022, le Gouvernement a déjà mené le processus de concertation avec les différents acteurs impliqués tant au niveau du secteur patronal que des syndicats pour trouver, sous les bons auspices du Médiateur Spécial du Travail, un accord mutuellement bénéfique pour une reprise négociée des activités dans les meilleurs délais. Néanmoins, ces efforts n’ont pas encore porté leurs fruits.