Coup d’État au Niger sur fond de tensions géopolitiques entre la Russie et l’Occident
S’exprimant à la télévision d’État mercredi soir, le leadership militaire du Niger a annoncé son soutien à un coup d’État contre Mohamed Bazoum, le président du pays. Les dirigeants militaires ont déclaré qu’un groupe appelé le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) avait pris le pouvoir et renversé le président du Niger. Il a annoncé que les frontières du pays avaient été scellées et qu’un couvre-feu avait été mis en place, mais s’est engagé à respecter les droits de l’homme, y compris le droit de M. Bazoum.
Selon le message du porte-parole des putschistes, le colonel Amadou Abdramane, ils ont décidé de mettre fin au régime qui coopère avec la France et les États-Unis pour lutter contre l’insécurité, en raison de la détérioration de la situation sécuritaire, et de la mauvaise gouvernance économique et sociale. Quant à M. Bazoum, il a juré sur X (anciennement Twitter) de défendre la démocratie « durement gagnée » du pays.
Si le coup d’État réussit, ce sera un revers pour les pays occidentaux qui cherchent à maintenir leur influence politique et militaire dans la région, en particulier pour la France, qui avait délocalisé ses opérations au Niger après que le Mali eut expulsé les troupes combattant les jihadistes au Sahel. La situation a également de graves implications stratégiques pour les États-Unis, qui maintiennent une base de drones dans la région.
L’annonce du coup d’État a pris par surprise les alliés occidentaux du président nigérien. La nouvelle est arrivée peu de temps après que le chef des affaires étrangères de l’UE, Josep Borrell, se soit rendu à Niamey pour faire l’éloge des réformes prodémocratiques de Bazoum.
La révolte armée contre Bazoum a suscité une condamnation internationale immédiate, notamment de la part de la France, du Royaume-Uni, de l’Union européenne, de la Commission de l’Union africaine et des États-Unis. Parallèlement, de nombreux Nigériens sont descendus dans les rues lors de manifestations sur tout le territoire pour montrer leur soutien aux militaires après le coup.
Le coup d’État au Niger a également suscité des spéculations et davantage de tensions géopolitiques entre l’Occident et la Russie en Afrique. Certains partisans du coup d’État ont arboré des drapeaux russes et exprimé des sentiments anti-français.
Cependant, malgré les inquiétudes concernant les activités de la Russie en Afrique, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, a déclaré qu’il n’y avait aucune indication crédible de l’implication de la Russie ou du groupe russe Wagner dans le coup d’État.