La gourde haïtienne chute de 6 % en avril : La BRH est à court de munitions
La gourde haïtienne a chuté jusqu’à 6 % par rapport au dollar en avril. La gourde est en baisse constante et la Banque centrale haïtienne semble manquer de munitions pour protéger la valeur de la monnaie locale. La Banque de la République d’Haïti a pris diverses mesures pour ralentir le déclin de la gourde. Cependant, les efforts n’ont pas encore porté leurs fruits.
Au cours du mois d’avril, le TMA a oscillé autour de 84,72 gourdes. Le taux le plus bas était de 81,26 le 1er avril. Il a culminé à 87,75 le 29 avril.
Jusqu’à présent, cet exercice, sur la base des valeurs du taux moyen d’acquisition (TMA) publiées par la BRH, il faut 16,46 gourdes de plus pour acquérir un dollar. Le 1er octobre 2020, le TMA était de 64,80 gourdes pour un dollar. Cependant, à la fin du mois d’avril, le TMA est passé à 81,26. En d’autres termes, le TMA a augmenté de 25 % jusqu’à présent cet exercice.
Le gouvernement avait pris plusieurs mesures pour stabiliser la gourde. Ces mesures visent à améliorer l’offre et la demande sur le marché des changes. Par exemple, la circulaire 114-1 sur les transferts est entrée en vigueur juste avant le nouvel exercice. Cette décision a été motivée par la rareté des espèces en dollars et par le versement accru des transferts en gourdes à des taux hors marché par des sous-agents de maison de transfert.
La BRH avait également annoncé que sur la base de la position cambiste des banques, les fonds qu’elle obtiendra des banques seraient remis sur le marché le lendemain par l’intermédiaire des banques dont le spread est le plus faible afin de permettre un meilleur contrôle des achats des institutions financières.
Au cours de l’exercice précédent, la BRH avait annoncé qu’elle avait pris des mesures pour réduire les pratiques abusives des agents de transfert d’argent et du marché noir. Elle leur a demandé de respecter le taux de change des banques affiliées ainsi que la divulgation et la comptabilisation des taux de change.
De plus, La BRH avait augmenté les taux d’intérêt. Bien que la banque centrale ait reconnu que cette mesure augmenterait le prix de la monnaie et affecterait le crédit, la BRH s’était engagée à maintenir son programme pro-croissance. Elle avait prévu de le faire en soutenant les entreprises opérant dans des secteurs tels que l’agriculture, le tourisme, l’immobilier et les exportations. Ces tentatives s’avèrent inefficaces, car l’insécurité a bloqué la plupart des activités économiques telles que la circulation des produits agricoles, le tourisme et l’immobilier. Le pic d’insécurité a également détourné une partie du dollar de la diaspora vers la République dominicaine.
Le ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI) avait également fait de la gourde la seule monnaie légale du pays. En plus d’obliger les commerçants et prestataires de services à afficher les prix en gourdes, il est interdit d’exiger de quiconque le paiement en devises étrangères.
En novembre 2020, le conseil d’administration de la Banque de la République d’Haïti a rencontré des importateurs et des producteurs du pays. L’objectif de la réunion était de trouver un moyen de résoudre leurs problèmes d’approvisionnement en dollars américains et de maintenir la stabilité macroéconomique dans le pays. Malgré les mesures de la BRH, la valeur de la gourde haïtienne continue de baisser et le dollar est plus rare que jamais pour le peuple haïtien.
Le seul outil efficace dont dispose la BRH est l’intervention sur le marché des changes. Depuis le nouvel exercice, la banque centrale haïtienne a injecté 86 millions de dollars sur le marché des changes. Une telle intervention est devenue de moins en moins efficace, car les taux de change ne semblent pas y répondre. Le TMA a augmenté de 25 % jusqu’à présent cet exercice.
Les nombreuses tentatives de la BRH pour empêcher la chute libre de la gourde haïtienne en contrôlant et en influençant les comportements des acteurs ont échoué. Cependant, les échecs n’empêchent pas la Banque centrale haïtienne de tenter des objectifs plus ambitieux, notamment le lancement d’une crypto-monnaie appelée Bitkòb. En tant que monnaie fiduciaire numérique ou monnaie de base numérique, elle agira comme une représentation numérique de la monnaie fiduciaire d’Haïti. Alors que plusieurs gouvernements étudient la viabilité de la création et de l’émission d’une monnaie digitale, aucun pays n’a officiellement lancé une telle monnaie. De nombreuses questions nécessitent des réponses. Entre autres, ces questions comprennent le contrôle du blanchiment d’argent et les risques sur le système bancaire en raison de la diminution des dépôts des consommateurs et de la baisse des prêts bancaires, ce qui nuirait la croissance économique.