La violence alimente la pénurie de carburant et la faim
La violence a explosé dans la capitale ces dernières semaines. Les combats entre bandes armées ont déplacé des milliers de personnes et interrompu toutes les activités économiques dans la région sud de Port-au-Prince. Les conséquences sont un autre coup porté à l’économie haïtienne mourante.
La 3e circonscription de Port-au-Prince, comprenant Martissant, Bizoton, Bolosse et Fort Mercredi, est désormais une zone fantôme. La violence a déplacé des milliers de personnes, et beaucoup ont tout perdu.
Alors que les autorités sont restées pour la plupart insensibles, les guerres de gangs font rage depuis le début du mois. Au moins dix personnes innocentes sont mortes et beaucoup d’autres sont blessées. En outre, de nombreux bâtiments ont été incendiés, laissant des personnes sans abri et fermant des entreprises, des écoles et des églises.
La Route Nationale Numéro 2, qui est une artère logistique vitale en Haïti, est impraticable. Près d’un demi-million de personnes vivant à Carrefour et plus de 2 millions de personnes dans le Grand Sud ont du mal à se déplacer vers le nord. En conséquence, de nombreux travailleurs sont bloqués et les agriculteurs ainsi que les vendeurs ne peuvent pas distribuer leurs produits sur le plus grand marché du pays, Port-au-Prince. En conséquence, beaucoup ont du mal à accéder à la nourriture et à d’autres produits de première nécessité qui étaient déjà rares pour la plupart.
De plus, les gens assistent maintenant à de longues files d’attente aux pompes à travers la capitale parce que la violence perturbe la livraison de carburant. Limité au nord par le port de Port-au-Prince, Thor est le principal goulot d’étranglement énergétique d’Haïti qui importe la totalité de son carburant. Les carburants arrivent aux terminaux pétroliers de Thor et Varreux, prêts à être consommés.
En Haïti, les carburants sont distribués par une entreprise mixte public-privé, la DINASA (Distributeur National), qui possède les seules installations de stockage importantes du pays, situées à Thor. De là, le carburant est ensuite distribué dans tout le pays à travers différents réseaux de distribution. Parce que le pays manque de capacités de stockage adéquates dans différentes régions du pays, la perturbation des transports dans cette région de Port-au-Prince peut conduire au chaos, et c’est ce qui s’est passé.
Par ailleurs, plus tôt ce mois-ci, le PDG de Digicel Haïti, Marteen Boute, a annoncé que plusieurs de leurs câbles sont coupés en raison de la panique à Martissant. Les techniciens de l’entreprise n’ont pas pu se rendre sur place pour effectuer les réparations nécessaires. Les clients de nombreuses régions, dont Carrefour, le Sud, le Sud-Est, les Nippes et la Grand’Anse, ont été touchés.
Alors que les autorités haïtiennes sont au mieux irresponsables, cette violence des gangs a fait du mal à tout le monde. De nombreuses sections de Port-au-Prince sont impraticables, et le Grand Sud d’Haïti est pratiquement coupé de la capitale et du reste du pays. En conséquence, beaucoup plus d’Haïtiens se retrouvent dans la précarité. Des millions d’autres seront confrontés à la faim alors que les activités économiques continuent d’être perturbées par la violence et l’instabilité politique.