L’économie d’Haïti recule de 4,2 % en 2024 dans un contexte de crise sécuritaire et de déclin prolongé
L’économie d’Haïti est dans un état désastreux, connaissant sa sixième année de croissance négative en 2024. Le PIB du pays a diminué de 4,2 %, la baisse annuelle la plus importante depuis le tremblement de terre de 2010. Cette contraction économique prolongée, avec une contraction annuelle moyenne de 2,3 % entre 2019 et 2024, est le signe d’une crise croissante et persistante.
La contraction économique prolongée a eu un impact profond sur la vie des Haïtiens. Six années de croissance négative ont érodé les moyens de subsistance, réduit l’accès aux services essentiels et aggravé les inégalités économiques. L’économie étant incapable de générer suffisamment d’emplois ou de maintenir des activités productives, les ménages dépendent de plus en plus des envois de fonds et de l’aide humanitaire pour survivre.
La hausse du coût de la vie, exacerbée par l’inflation, a laissé de nombreuses familles incapables de se permettre des biens de première nécessité tels que la nourriture, le logement et les soins de santé. En outre, la forte inflation alimentaire a un impact disproportionné sur les familles à faible revenu, poussant davantage de ménages dans la pauvreté et exacerbant l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Pour y faire face, beaucoup sont obligés de réduire leurs dépenses non essentielles, de réduire la qualité de leur alimentation ou même de sauter des repas, compromettant ainsi leur bien-être et leur santé en général.
L’un des principaux facteurs du déclin économique d’Haïti est la crise sécuritaire actuelle. Les deux départements les plus peuplés d’Haïti, l’Ouest et l’Artibonite, sont aux prises avec une grave crise sécuritaire. Le département de l’Ouest, où se trouve la capitale Port-au-Prince, a été particulièrement touché. En tant que région économiquement la plus importante, Port-au-Prince est la plaque tournante du commerce national et international. Cependant, le contrôle généralisé des gangs sur les principales routes menant à la capitale a paralysé l’activité économique. Les producteurs alimentaires d’autres régions, notamment le département de l’Artibonite, connu comme le grenier d’Haïti, sont confrontés à d’importantes difficultés pour transporter leurs marchandises vers le marché, leur coupant ainsi l’accès à une source de revenus majeure. De même, les marchandises importées entrant dans le pays via Port-au-Prince sont sujettes à des retards, à des perturbations ou à des vols purs et simples, ce qui augmente les coûts et réduit l’offre pour les consommateurs à l’échelle nationale.
La situation sécuritaire a non seulement entravé le commerce, mais a également dissuadé les investissements directs étrangers et l’entrepreneuriat local. Les entreprises ont du mal à fonctionner dans un environnement marqué par la violence, l’extorsion et l’imprévisibilité, ce qui compromet encore davantage la croissance économique.
Les effets combinés de la croissance négative et de la crise sécuritaire se font sentir dans tous les secteurs. L’agriculture, pierre angulaire de l’économie haïtienne, a été particulièrement touchée car les agriculteurs ne peuvent pas transporter de manière fiable leurs marchandises vers les marchés. Les industries manufacturières et de services sont également contraintes, la production et les ventes étant entravées par des défis logistiques et de sécurité. Les recettes publiques ont chuté, limitant la capacité du gouvernement à investir dans les infrastructures critiques ou à fournir des services essentiels à la population.
La trajectoire actuelle d’Haïti souligne le besoin urgent d’agir. Le rétablissement de la sécurité est crucial pour relancer l’activité économique et stabiliser le pays. Des investissements ciblés et des efforts coordonnés pour démanteler les réseaux de gangs et le trafic d’armes sont essentiels à la réouverture des routes commerciales et à la reprise économique.
Aborder les problèmes systémiques tels que la pauvreté, le chômage et l’insécurité alimentaire en Haïti nécessite une approche globale et multiforme. Les investissements dans l’agriculture, les infrastructures et l’éducation sont essentiels pour reconstruire l’économie à partir de zéro et favoriser la résilience face aux chocs futurs. Pour qu’Haïti puisse se libérer de ce cycle de déclin économique, elle doit donner la priorité au rétablissement de la stabilité, à la lutte contre la corruption, au rétablissement de la confiance et à la création d’opportunités de croissance.
La sixième année consécutive de croissance négative en Haïti n’est pas seulement une statistique : c’est un appel à l’action. Sans des efforts décisifs pour s’attaquer aux causes profondes de la crise économique, le cycle de pauvreté et d’instabilité ne fera que s’aggraver, laissant des millions d’Haïtiens dans des conditions de plus en plus désastreuses.