Publication du rapport d’enquête sur les allégations de corruption impliquant le CPT
Le mercredi 2 octobre 2024, un rapport d’enquête a été publié, révélant des allégations de corruption impliquant trois membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) et le président du conseil d’administration de la Banque nationale de crédit (BNC) d’Haïti, Raoul Pascal Pierre-Louis. Le rapport révèle comment les membres du CPT Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles auraient sollicité une somme de 100 millions de gourdes en échange de la reconduction de Pierre-Louis à la présidence du BNC.
Malgré la gravité de ces allégations, le gouvernement a été critiqué pour ne pas avoir accordé une protection suffisante à M. Pierre-Louis, qui avait initialement signalé cette tentative d’extorsion dans une lettre envoyée au Premier ministre Garry Conille le 24 juillet, où il qualifiait la situation d’une menace non seulement pour son intégrité professionnelle mais aussi pour la sécurité de sa famille.
Plutôt que de recevoir un soutien institutionnel, Pierre-Louis a été démis de ses fonctions de président quelques semaines plus tard, soulignant le manque de protection efficace des lanceurs d’alerte. Son avocat, Me Sonnet Saint-Louis, avait réclamé des poursuites judiciaires contre les trois membres du CPT, mais Pierre-Louis lui-même est devenu la cible d’un examen judiciaire, l’ULCC déposant une demande d’extradition à son encontre.
L’enquête, menée par l’Unité anti-corruption d’Haïti (ULCC), a recommandé à la fois des actions administratives et pénales. Il a appelé à des poursuites judiciaires contre Augustin, Vertilaire et Gilles pour abus de pouvoir, pots-de-vin et corruption, conformément à la loi anti-corruption d’Haïti de 2014. De plus, Raoul Pascal Pierre-Louis fait face à des accusations d’entrave à la justice, de pots-de-vin et de corruption active.
Le rapport attire l’attention sur les problèmes systémiques persistants au sein du gouvernement de transition d’Haïti, mais il souligne également l’incapacité du pays à protéger adéquatement les lanceurs d’alerte, ce qui décourage les efforts futurs visant à dénoncer la corruption, ce qui pourrait laisser les fautes incontrôlées et les lanceurs d’alerte vulnérables à des représailles.
Ce rapport marque une étape importante dans la lutte d’Haïti contre la corruption, avec d’éventuelles poursuites pénales attendues, mais il soulève de graves inquiétudes quant au manque de soutien institutionnel pour ceux qui dénoncent la corruption. Sans protection solide des lanceurs d’alerte, les personnes qui dénoncent des actes répréhensibles restent exposées à des risques importants.
Le président de la Banque nationale de crédit d’Haïti pourrait-il faire l’objet de poursuites judiciaires alors que les membres du CPT impliqués dans le scandale de corruption restent hors de portée de toute autorité compétente ?