New Deal pour l’Afrique : Macron s’efforce de remettre la diplomatie française sur la carte
Ce mardi 18 mai, une vingtaine de dirigeants africains se sont réunis à Paris à l’invitation du président français Emmanuel Macron au sommet sur le financement des économies Africaines. Les dirigeants ont discuté de la manière de financer la reprise économique du continent après la pandémie. Le président français souhaite un « New Deal pour l’Afrique », comprenant un moratoire sur le remboursement de la dette pendant la pandémie et un meilleur accès au financement pour les petites entreprises et les startups.
La récession mondiale induite par la pandémie a gravement affecté les économies africaines. Bien qu’en 2020, l’économie africaine ait reculé de moins que la moyenne mondiale selon les estimations du FMI, l’effet négatif de la récession sera durable. Le FMI avait averti fin 2020 que l’Afrique subsaharienne pourrait faire face à un déficit de financement de 290 milliards de dollars entre 2020 et 2023, soit 16 % du PIB de l’Afrique subsaharienne en 2019.
Selon le président actuel de l’Union africaine, le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi, la pandémie « a appauvri nos économies, car nous avons dû utiliser tous les moyens dont nous disposions pour lutter contre la maladie ».
Les projections du FMI montrent que l’économie de la région augmentera de 3,4 % en 2021. Cependant, cette croissance est plus faible que les 6 % pour le reste du monde, en raison d’un manque continu d’accès aux vaccins et d’un espace politique limité pour soutenir la réponse à la crise et la reprise.
Les participants au sommet ont appelé au transfert des futurs « droits de tirage spéciaux » (DTS) du FMI des pays riches vers les pays africains. Le droit de tirage spécial (DTS) est un actif de réserve international portant intérêt utilisé pour compléter la réserve de son pays membre. C’est aussi un outil de change utilisé pour aider à financer les importations.
L’objectif est d’amener les pays riches à réaffecter 100 milliards de dollars, soit 81 milliards d’euros de réserves monétaires de droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI) aux États africains d’ici octobre. Ce montant est trois fois supérieur aux 33 milliards de dollars que le FMI aurait émis cette année.
Le vaccin COVID était également au menu du sommet économique de la France pour l’Afrique. Selon les chiffres publiés, le continent semble avoir évité le pire de la pandémie. L’Afrique compte 14 % de la population mondiale, mais elle ne revendique que 3 % des cas et décès connus. Les participants soulignent néanmoins la nécessité de faire vacciner les populations africaines.
Alors que les pays riches accumulent des vaccins, la Chine a étendu ses vaccins diplomatiques en construisant un pipeline de distribution de vaccins COVID-19 en Afrique. L’Union africaine a séparément obtenu suffisamment de vaccins de Pfizer, Johnson & Johnson et AstraZeneca pour inoculer environ 25 % de leur population. Certains pays négocient également directement avec des fournisseurs, notamment chinois et russes. De plus, dans le cadre de COVAX, un programme mondial de vaccination principalement financé par des donateurs, les gouvernements tentent d’obtenir des vaccins COVID supplémentaires, qui sont devenus un outil géopolitique.
Les participants ont convenu que l’Afrique devrait être en mesure de produire en masse des vaccins pour sa population. La production de vaccins doit se faire via des transferts de technologie et la levée des barrières à la propriété intellectuelle, suggérée par le président français. Dans son New Deal pour l’Afrique, l’objectif de M. Macron est de vacciner 40 % des personnes en Afrique d’ici la fin de 2021.
Le continent ayant une population jeune et en croissance rapide, le nouvel accord proposé par M. Macron inclut les jeunes. Il promet de lancer une alliance pour l’entrepreneuriat africain. Cette alliance vise à soutenir les petites entreprises et les startups. Le secteur n’a jamais été une priorité, a-t-il suggéré. Selon le président français, l’atout majeur de l’Afrique est sa jeunesse, qu’il qualifie de plus dynamique au monde.
Le président Macron espère que ses derniers rassemblements, comme le Sommet économique pour l’Afrique où les dirigeants ont discuté du New Deal pour l’Afrique, et le sommet de soutien au Soudan de la veille, remettront la diplomatie française sur la carte. Cela survient à un moment où les États-Unis se réengagent avec le monde sur des questions telles que le commerce, le changement climatique et la protection de la démocratie que l’administration précédente a atténuée.