« Convoi de la liberté » a secoué la politique canadienne
Deux semaines après le début d’une manifestation appelant à la suppression des mesures pandémiques du pays, le convoi de la liberté des camionneurs a secoué la politique canadienne peu habituée à des manifestations aussi importantes, longues et perturbatrices. Les manifestants appellent les gouvernements à annuler les politiques de Covid-19 exigeant que les individus soient complètement vaccinés pour entrer dans les restaurants et les gymnases ou monter à bord des avions et des trains, entre autres mesures de santé pandémiques.
Les manifestations du convoi de la liberté ont interrompu la circulation dans les deux sens sur le passage frontalier terrestre international le plus achalandé d’Amérique du Nord, menaçant d’étendre et de perturber le commerce entre les États-Unis et le Canada. Le pont Ambassador, un corridor de 1,6 mille qui relie Détroit à Windsor, en Ontario, a été temporairement fermé tard lundi soir, provoquant de longues interruptions de trafic le long de la travée du côté de Détroit.
Les constructeurs automobiles ont commencé à sentir la chaleur alors qu’un blocus par des chauffeurs routiers a coupé d’importantes lignes d’approvisionnement à travers la frontière canado-américaine. Ford, Honda et Toyota ont tous été contraints d’arrêter la production dans certaines usines canadiennes.
En Alaska, un État américain partageant des frontières avec le Canada, plus de 100 camionneurs se sont mobilisés pour soutenir leurs homologues canadiens en parcourant les 10 milles d’Anchorage à Eagle River, a rapporté l’Anchorage Daily News.
Les camionneurs canadiens qui protestent contre les règles de Covid ont également attiré l’attention de personnalités de droite aux États-Unis et en Europe. Le mouvement a inspiré des manifestations contre le mandat de vaccination et réclamant la levée du pass vaccinal de New York à Paris. De nombreux républicains américains ont fait des commentaires soutenant les manifestations.
Les autorités canadiennes ont mis en garde contre « l’ingérence étrangère » alors que les républicains américains soutiennent le « convoi de la liberté ». Un tel soutien vient d’éminents républicains, dont l’ancien président Donald Trump qui a qualifié le Premier ministre canadien Justin Trudeau de « fou d’extrême gauche qui a » détruit le Canada avec des mandats COVID insensés ».
Les autorités ont sous-estimé l’ampleur de l’organisation et du financement de la cause du convoi de la liberté. Des légions de manifestants qui ont convergé vers le centre-ville de la Colline du Parlement avaient reçu un soutien via une page GoFundMe créée par les organisateurs du convoi qui a recueilli plus de 10 millions de dollars canadiens. La société a fermé la page vendredi, citant des rapports de police faisant état de violences liées aux manifestations. Pourtant, environ 1 million de dollars avaient déjà été déboursés.
Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, a déclaré qu’il enquêterait sur GoFundMe pour avoir gelé les dons des manifestants. D’autres républicains de premier plan, comme le procureur général du Texas Ken Paxton, se sont plaints que GoFundMe rembourserait des millions de dollars collectés par des manifestants sur le site de financement participatif.
Dans la rue devant la Colline du Parlement, des milliers de personnes brandissent des pancartes allant de « plus de mandats » et « liberté de choix » à « truck you, Trudeau ». Certains ont comparé les mandats de vaccination au fascisme. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a réagi aux manifestants lors d’un débat d’urgence au Parlement. « Des individus tentent de bloquer notre économie, notre démocratie et la vie quotidienne de nos concitoyens », a déclaré Trudeau.
La police, qui tente de réprimer les manifestations, a saisi plus de 500 véhicules et arrêté des dizaines de manifestants. Les autorités ont averti que ceux qui soutiennent les camionneurs avec du gaz pourraient être arrêtés.
Deux semaines après le début d’une manifestation qui a secoué la politique canadienne, le chef de la police d’Ottawa, Peter Sloly, a qualifié la manifestation de « manifestation sans précédent au Canada ». Il a reconnu que les autorités n’avaient pas planifié de manière adéquate. Pendant ce temps, frustrés par la paralysie du quartier des affaires de la capitale canadienne, certains habitants appellent à des actions contre les participants.