Des législateurs exhortent Biden à s’attaquer aux armes américaines qui alimentent la violence en Haïti
Dans une lettre adressée à l’administration Biden, les membres du Comité de surveillance et de responsabilité de la Chambre des représentants des États-Unis ont exprimé leur inquiétude quant au trafic d’armes à feu américaines à l’étranger, alimentant la violence des gangs en Haïti.
Le trafic illégal d’armes en provenance des États-Unis alimente considérablement la violence des gangs en Haïti, comme le souligne une lettre du 5 juin 2024 du Comité de surveillance et de responsabilité de la Chambre des représentants des États-Unis. La lettre détaille comment la majorité des armes à feu utilisées par les gangs haïtiens sont acquises via des achats de paille dans des États où les lois sur les armes à feu sont laxistes, notamment en Floride. Ces armes à feu sont ensuite passées en contrebande via des ports majeurs comme Miami-Dade et distribuées en Haïti via les pays voisins. Une fois en Haïti, ces armes sont vendues à des prix gonflés, permettant aux gangs d’amasser des arsenaux plus importants que ceux des forces de l’ordre locales.
L’impact de ce commerce illicite d’armes est profond. Les gangs haïtiens ont pris le contrôle de 80 à 90 % de Port-au-Prince, la capitale, entraînant des niveaux de violence sans précédent et une escalade rapide de la crise humanitaire. Depuis 2019, Haïti a enregistré plus de 11 000 homicides, avec une augmentation stupéfiante de 119 % du nombre d’homicides rien qu’en 2023. Entre janvier et mars 2024, plus de 2 500 Haïtiens ont été tués ou blessés, soit une augmentation de 50 % par rapport à la même période de l’année précédente. La disponibilité des armes à feu américaines a permis aux gangs de terroriser la population et de défier le contrôle gouvernemental, exacerbant ainsi la crise.
Ce problème s’étend au-delà d’Haïti. Dans les Caraïbes et en Amérique centrale, les armes à feu d’origine américaine sont utilisées par des gangs et des organisations criminelles, provoquant des violences meurtrières et contribuant à l’instabilité régionale. En 2022, le Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives (ATF) a signalé qu’un nombre important d’armes à feu récupérées dans les Caraïbes provenaient des États-Unis. Les experts estiment que 90 % des armes du crime dans les Caraïbes sont achetées par des acheteurs de paille aux États-Unis. et introduits clandestinement à l’étranger. De même, au Mexique, 70 % des armes illégales proviennent des États-Unis, ce qui aide les cartels criminels à exercer leur contrôle sur de vastes territoires et exacerbe la violence le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique.
Malgré les efforts de l’administration Biden-Harris, notamment la promulgation de la loi bipartite pour des communautés plus sûres et l’intensification de la répression de la contrebande par les enquêtes de sécurité intérieure, la persistance de lois laxistes sur les armes à feu dans des États comme la Floride continue de faciliter ce commerce illégal. La commission appelle à de nouvelles mesures législatives pour empêcher les trafiquants d’armes américains de devenir une source principale pour les trafiquants internationaux.
Le Comité de surveillance et de responsabilité a demandé une réunion d’information d’ici le 20 juin 2024 pour discuter de solutions législatives potentielles pour soutenir les efforts fédéraux visant à bloquer le flux d’armes à feu américaines vers les organisations criminelles en Haïti et dans d’autres régions. L’objectif est de réduire la violence et de protéger les populations civiles des effets dévastateurs des conflits armés alimentés par les armes de fabrication américaine.