PNH : Les mandats tumultueux du DG démissionnaire
Léon Charles, le directeur général de la Police Nationale D’Haïti a présenté sa démission au Premier Ministre Dr Ariel Henry et cette dernière a été acceptée. Il a été remplacé par Frantz Elbé. Sa démission à la tête de la PNH intervient dans le contexte de fortes turbulences que traverse le pays depuis des années, mais aggravées ces derniers temps avec la violence des gangs et surtout la montée en flèche des kidnappings.
Depuis que M. Charles a pris la tête de la police haïtienne, la sécurité ne s’est pas améliorée. En fait, son échec à réduire la violence a rendu Haïti invivable. Les gangs s’enhardissent et arrivent à contrôler les 2 tiers de Port-au-Prince et de la zone métropolitaine. Les artères stratégiques à travers la capitale sont impraticables, déconnectant plusieurs départements du reste du pays et rendant impossible la circulation des biens essentiels tels que les produits alimentaires et pétroliers. Les opérations des gangs interrompent tellement les activités économiques que le gouvernement est incapable de percevoir des impôts pour financer ses opérations.
Quant aux membres de la police, ils sont dans leur pire état. Le moral des officiers est bas, car ils se sentent trahis par les hauts gradés qui les utilisent à des fins politiques et les envoient mourir dans des missions non planifiées et mal préparées.
Le Premier ministre Joseph Jouthe qui a présidé à l’installation du nouveau chef de la police a déclaré à Charles que « la peur doit enfin changer de camp en Haïti ». Toutefois, la situation s’est dégradée et près de huit mois après son installation, le président haïtien a été assassiné sous sa surveillance. M. Charles, a finalement démissionné après le dernier enlèvement impliquant des missionnaires américains et canadiens qui a catapulté la crise sécuritaire du pays sous les projecteurs mondiaux.
Le président haïtien Jovenel Moïse avait nommé le 16 novembre 2020 M. Léon Charles comme nouveau chef de la police pour remplacer le chef licencié Rameau Normil, qui a été nommé directeur par intérim de la police haïtienne. Il a dirigé la PNH pendant une période de 14 mois qui a vu la montée de la violence et de l’insécurité en Haïti.
M. Rameau, qui avait pour mission de rétablir l’ordre en Haïti a été limogé par l’ancien Premier ministre Joseph Jouthe. Normil a eu du mal à rétablir la sécurité en Haïti suite au départ des dernières troupes de maintien de la paix des Nations Unies en octobre 2019 et à la prolifération de gangs armés dans tout le pays.
Léon Charles n’était pas nouveau sur la scène. Charles est un ancien membre de l’armée haïtienne. Il a eu son propre mandat tumultueux en tant que chef de police après le deuxième coup d’État contre le président Jean-Bertrand Aristide le 29 février 2004. Il était également le représentant permanent d’Haïti auprès de l’Organisation des États américains et a également été chargé d’affaires à son ambassade à Washington.
Son mandat de 17 mois à la tête de la PNH de mars 2004 à juillet 2005 a été marqué par un niveau sans précédent d’enlèvements, une corruption généralisée et une répression meurtrière d’un mouvement de résistance populaire pro-Aristide, anti-occupation, et contre le renversement. L’intervention militaire étrangère qui s’ensuit — d’abord par des soldats américains, français et canadiens, puis par des troupes de l’ONU a duré près de 16 ans.